historique de l’école

Texte du 6 août 2009, de Bernard,
incorporant des retouches du 7 décembre 2014, de Xavier.

Historique du style du roseau

Le style du roseau nous vient de maître Nguyên Trung Hoa.

Celui-ci enseigna en France à partir de 1948 et prit part au conseil des maîtres qui, en 1972, réunit et fédéra en France les enseignements de l’art martial vietnamien, le , qui existaient séparément sous plusieurs formes ou styles et forgea ce mot, devenu par la suite le nom de la discipline : le viêt võ đao, ce qui veut dire : la voie de l’art martial vietnamien.

Đao, c’est la voie. Le même phonème se retrouve avec la même signification en vietnamien, en japonais et en chinois : judo, c’est la voie de la souplesse ; kendo, la voie du sabre ; aïkido, la voie de l’harmonie ; et tao-tê-king (道 德 經), le traité de la voie et de la vertu. D’autre part, comme en vietnamien le mot viêt signifie supérieur, viêt võ đao peut aussi s’entendre : la voie de l’art martial supérieur.

MaîtreTrung Hoa, au plus grand regret de tous, nous quitta en 1975.

Son neveu, maître Vo Dinh Quang Bernard qui pratiquait depuis son plus jeune âge dans le milieu familial, a commencé à enseigner dès 1971 à l’âge de 18 ans, rue des Pyrénées, dans le 20ème arrondissement de Paris. Il enseigna ensuite dans les locaux du RPSM à Strasbourg , à Montpellier dans les locaux du CREPS face à la faculté de Pharmacie ainsi qu’au dojo héraultais, rue de Moissac, où en 1974 il fonda l’école du roseau, puis en Allemagne, à Constance, dès 1975.

Ce nom qu’il lui donna – l’école du roseau – exprime ce qui fait l’essence du style du roseau : souplesse et résistance, fluidité et adaptation ; et ce qui fait la force du visible : l’invisible.

Les structures actuelles de l’école furent établies en 1997. Ce fut alors le début d’un enrichissement du par l’intégration de différentes techniques chinoises. Vinrent ensuite la maturation du style et la naissance de clubs en France métropolitaine, en Allemagne, à Tahiti et aux Caraïbes. Une implémentation en Pologne est en cours depuis janvier 2008.

De 1998 à 2012, l’école du Roseau a fait partie de l’association Võ Ðao Trung Hoa. Su Phu Bernard Vo Dinh Quang en était le vice-président et Su Phu (maître) Jean Quy, le président. Décédé en juillet 2012, maître Jean Quy était comme maître Bernard Vo Dinh, un élève de maître Nguyên Trung Hoa. Jean dirigeait l’école de Sainte-Geneviève des bois, dans l’Essonne (91), qu’il avait fondée et qui s’appelait Mon Phay Trung Hoa Võ Ðao. C’est au cours des dernières années qui ont précédé le décès de maître Trung Hoa, que maître Jean Quy et maître Bernard Vo Dinh se rencontrèrent au domicile de celui-ci dans un cadre familial, maître Jean étant devenu un proche du maître.

L’emblème de l’école : le roseau

Đuong Cay Lau signifie : école d’arts martiaux Le roseau.

le roseau

Tout d’abord, comme le bambou, autre symbole du viêt võ đao, le roseau symbolise en Asie l’harmonie et la chance. Les couleurs vives et feuillages luxuriants de la plante constituent un feng shui efficace, potentiellement forts en khi ou chi (énergie). Qu’est le roseau ? En sa partie visible, celle qui nous est à accessible à tous, il semble être un individu unique et indépendant, à la fois souple et résistant, fluide. En sa partie invisible, ancré dans la terre ou les pieds dans l’eau, il est relié à ses semblables par un réseau de racines. Elles sont appelées rhizomes. Or, cette interdépendance racinaire entre tous les êtres donne à méditer sur ce que pourrait être la nature profonde d’une matrice collective.

les couleurs

– le jaune est l’élément terre, il signifie stabilité, loyauté, patience, sagesse et automne.

– le noir est l’élément eau et signifie raisonnement intellectuel, continuité,spiritualité et hiver.

Le choix de ces couleurs évoquent la conduite du võ sinh (jaune) et son impact sur l’élément obscur, le noir.

L’originalité de notre style

L’école du Roseau s’est inscrite dès son origine dans une tradition universelle des arts martiaux et travaille ses deux formes : externe et interne. En effet, elle procède d’une approche globale visant au développement personnel du pratiquant. Loin s’en faut, l’une n’est pas exclusive de l’autre. Mais généralement, on commence par la forme dite externe.

forme externe : le đao cay lau

Mais qu’est-ce que le đao ?

Đao, (tao, en chinois), signifie « chemin». C’est une notion universelle visant à placer l’être humain dans l’ordre naturel, cosmique et universel. Selon la règle du taoïsme, l’homme ne doit pas intervenir sur le développement ou le cours des choses mais plutôt tenter de s’y adapter et de vivre en harmonie avec le đao.

L’objectif est ambitieux puisqu’il vise à l’intégration de l’être à l’univers. en fait, que cherche-t-on profondément? Il s’agirait simplement de vivre en harmonie tant avec soi-même qu’avec son environnement, la nature et le cosmos,en se tournant résolument vers ce qui nous dépasse…

Ce chemin de vie ne va pas sans pair avec ce qui est vertueux. En effet, une vie qui se doit d’être en accord avec la nature, doit l’être dans un esprit d’ouverture et de tolérance de conciliation, d’altruisme, de pureté et de loyauté.

La pratique du đao peut nous rendre fort, le đao nous rendra vertueux.

Ses outils sont la préparation du corps à l’art martial, les techniques de base, permettant une bonne mise en mouvement du corps, l’apprentissage des quyêns, techniques de combats, les échanges techniques, voire la compétition.

Le travail de la coordination gestuelle,d’une bonne stabilité dans l’exercice physique des techniques, conduiront à une intégration efficace de son corps à l’environnement, et au feed-back nécessaire à la prise de conscience d’une meilleure aisance dans notre vie de tous les jours.

Bien entendu, la vision actuelle des arts martiaux et la connotation violente toute particulière qui y est attachée, ne devrait pas affecter celle, bien plus subtile, qui anime les voies traditionnelles. De toute évidence, tout dépend de ce que veut bien en faire chaque pratiquant.

forme interne : le viêt-taï-chi

Portons notre regard sur ce qui est caché…

Tout d’abord, rappelons-nous ce qu’est le chi : l’énergie et la force vitale… Dans notre monde occidental, la matière occupe une place essentielle. Dans la perception chinoise ou vietnamienne, ce qui prédomine est plutôt ce qui nous paraît invisible et impalpable. Le chi, circule partout, à travers les êtres, les choses, les animaux, en bref, à travers également tout ce qui nous entoure de loin ou de près, tel l’univers. Chaque être possède son propre chi, lequel se combine constamment à celui de l’environnement. Ainsi, chaque être est relié à son environnement mais aussi à l’univers. Ce flux de chi qui nous pénètre et se dégage de nous, agit sur la globalité de nos états d’âme, d’esprit ou physique. Il détermine nos humeurs et nos émotions générant notre psyché et notre constitution physique. L’intelligence de ce concept d’énergie universelle, pourrait nous conduire à une sorte d’écologie humaine, mais universelle, ou il faudrait prendre soin non pas seulement de soi-même, mais de son entourage, pour vivre en harmonie avec le milieu environnemental.

De prime abord, c’est la pratique physique et de son impact dans l’environnement du pratiquant qui sera recherchée. Puis c’est la perception de sa propre corporalité en rapport avec l’autre, l’environnement. Au risque de s’éloigner de son but profond qui vise au développement personnel, la pratique d’un art martial dans la tradition du đao doit s’effectuer dans un esprit d’ouverture de respect de l’autre et de notre environnement. Bien entendu, cela suppose une adhésion parfaite du pratiquant à des valeurs vertueuses qui forgeront cet esprit, telles la loyauté, la droiture, le courage, etc. C’est dans le respect de l’altérité, que subtilement s’ouvre naturellement une autre progression. Il s’agit de l’élévation du niveau de la propre conscience de soi, des autres et du monde environnant. Mais cela n’est possible que dans un travail de dépassement de soi-même, de lâcher prise, de laisser faire, où il devient inutile de vaincre, de tenter d’imposer, de transformer ce qui est externe à soi-même. Infiniment plus subtilement, cette pratique procède d’une approche globale visant au développement personnel et à la transformation de sa propre vision du monde…

Ses outils sont le travail des quyêns, du chi et de la méditation.